Le Contexte

Dans quelque lieu que nous puissions vivre, chacun de nous a conscience qu'il y a dans le monde une confusion toujours grandissante, une perte d'orientation, une dégénérescence des valeurs. Où que nous vivions, à quelque niveau de la société que nous gravitions, nous sommes avertis, par nos rapports avec le monde extérieur ainsi qu’avec le monde intérieur, d'un conflit et d'une misère qui semblent n'avoir pas de fin.
Beaucoup de solutions ont été offertes à cette confusion, solutions économiques, humanitaires, géostratégiques, traditionnelles, politiques, sociales, religieuses, internationales. Seulement, les systèmes, avec leurs idéologies et leurs plans pour l'action ne s'occupent que des échanges et des arrangements extérieurs ; ils sont dans l’impossibilité mettre en place une transformation radicale des individus, puisqu’ils s'efforcent vers un résultat, un but, fruit d'une information superficielle. Les experts qui présentent des déductions bien formulées sont préoccupés d’achèvements préconçus et s'avèrent incapables de saisir les Subtilités Psychologiques de l'Esprit Humain. Les systèmes sont davantage tournés vers les résultats plutôt que les moyens, et ne peuvent qu'offrir des modes d'action et des variations d'idées quasi inopérants au final.

Où que l'on aille à travers le monde, on trouve de la Souffrance. Il semble ne pas exister de limites à la souffrance, pas de fin aux innombrables problèmes qui concernent l'Être Humain, pas d'issue à ce continuel conflit entre lui-même et ses prochains. La Souffrance semble pour toujours le sort commun de l'humaine condition qui essaye de surmonter cette Souffrance par la recherche de plus en plus acharnée du réconfort. L'Être Humain croit en effet qu'en recherchant une consolation, un réconfort, il se libérera de cette lutte continuelle, des conflits et de la Souffrance. Il part à la recherche de ce qui lui donnera le plus de satisfaction, de ce qui lui donnera la plus grande consolation ; et en fin de compte, il ne fait que aller d'une consolation à l'autre, d'une sensation à l'autre, d'une satisfaction à l'autre. Ainsi, par le processus du temps, il aura érigé graduellement d'innombrables sécurités et abris vers lesquels il se précipite lorsqu'il éprouve la moindre Souffrance.

D’un autre côté, il existe de nombreuses espèces de sécurité, de nombreuses espèces d'abri. Il y a celles qui accordent une satisfaction émotionnelle temporaire, telles que les drogues et la boisson. Il y a les amusements, les divertissements et tout ce qui appartient aux plaisirs passagers. Il y a les innombrables croyances et les idéals dans lesquelles l'Individu cherche à s'abriter de ses douleurs, en espérant qu'ils imprimeront leur forme à sa vie et que, en s'y conformant, il pourra graduellement surmonter la Souffrance. Il y a les systèmes de pensée qu'il appelle philosophie ou tradition, mais qui ne sont que des théories transmises au cours des siècles, ou des théories qui ont pu être vraies pour ceux qui les ont élaborées, et ne le sont pas nécessairement pour lui aujourd’hui.

Par ailleurs, notre cerveau travaille avec ses anciennes habitudes, tel un disque de gramophone qui ressasse toujours la même ritournelle. Tant que retentit cette ritournelle, ce ronronnement de l'habitude, nous ne sommes capables de rien entendre de neuf. Le cerveau qui a été conditionné à penser d'une certaine façon, réagit selon notre culture, nos traditions, notre éducation, nos croyances ; ce même cerveau s'efforce d'écouter une mélodie nouvelle et il n'en est pas capable. C'est là notre principale difficulté. Une causerie enregistrée sur une bande peut être effacée ; on peut recommencer ; malheureusement l'enregistrement sur la bande du cerveau est si ancien, il dure depuis si longtemps qu'il est très difficile de l'effacer pour faire place au neuf. Nous reproduisons inlassablement le même modèle, les mêmes idées, les mêmes habitudes physiques comme psychologiques, et ne saisissons jamais rien de nouveau.