Dans cet épisode, une question centrale permet d’explorer un conditionnement fondamental : l’irrépressible besoin d’utiliser les mots. L’interlocutrice guide une prise de conscience qui, en elle-même, met fin à une activité mentale énergivore, souvent perçue comme pertinente, mais qui repose en réalité sur un automatisme inconscient.
Sur psychéPOD, nous animons des Ateliers de Travail sur Soi selon une approche systémique, visant une observation continue des dynamiques internes, qu’elles soient superficielles ou profondes. L’objectif est de libérer l’esprit des schémas mentaux responsables de la souffrance psychologique et des conflits humains. D’autant plus que la relation, bien qu’universelle, demeure un aspect fondamental de l’existence qui n’est enseigné nulle part.
Que se passe-t-il si nous cessons de nommer une sensation ?
Si la pensée abandonne l’usage des mots, des images et des symboles, l’esprit se transforme. Il ne se limite plus à un rôle d’observateur détaché, car sans cette séparation entre le penseur et la pensée, un état naturel de silence s’installe – non pas un silence imposé, mais un silence spontané.
Dans cet état, toute sensation émergente peut être pleinement vécue et dissipée instantanément. Ce n’est que par la nomination et la catégorisation que nous lui conférons une continuité, l’enfermant dans la mémoire et l’alimentant sans cesse.
Quand l’esprit cesse d’être un centre figé
L’esprit, lorsqu’il n’est plus réduit à une accumulation d’expériences passées, de souvenirs étiquetés et classifiés, retrouve une tranquillité profonde. Tant que nous nous identifions à des concepts comme « mon succès », « ma maison », « mon travail », nous nourrissons sans cesse cette mémoire, renforçant ainsi le moi. Mais lorsqu’aucune identification ne prend place, l’esprit se libère de ces chaînes et devient pleinement silencieux.
Ce silence n’est en aucun cas un état de vide ou d’inertie. Parvenir à ce point exige une observation rigoureuse du fonctionnement mental, non pas comme un exercice mécanique – ce n’est pas en se répétant « il ne faut pas nommer » que l’on y parvient –, mais en suivant en profondeur le processus du mental, en voyant comment il opère et en prenant conscience de cette dynamique jusqu’à ce que la nomination cesse d’elle-même.
La véritable méditation
Lorsque l’esprit devient réellement silencieux, l’incommensurable peut émerger. Toute autre quête de la réalité, lorsqu’elle est construite à partir d’une projection du moi, demeure illusoire. Mais ce processus de libération est exigeant, car il requiert une attention constante à tout ce qui survient en nous, sans jugement ni identification.
Ce n’est pas une fin en soi, car l’exploration intérieure ne cesse jamais. C’est à chacun d’entre nous de s’y engager, à son propre rythme, pour dissoudre progressivement les multiples couches de conditionnement qui forment ce que nous appelons le « centre ».
L’impact des mots sur le psychisme
Observer la manière dont l’esprit s’accroche aux mots est un exercice fascinant. Les mots réactivent la mémoire, réveillent les expériences passées et les projettent dans le futur. Ainsi, le mental oscille constamment entre passé et avenir, et les mots deviennent des catalyseurs puissants de cette dynamique, influençant à la fois notre perception et notre ressenti.
Mais cette compréhension ne peut être simplement apprise – ni ici, ni dans aucun livre. Elle ne peut être qu’expérimentée directement. En s’observant soi-même, en voyant avec quelle rapidité la pensée nomme chaque sensation, nous nous donnons l’opportunité de sortir de ce mécanisme. Lorsque l’esprit s’affranchit de son centre, il devient calme, ouvert, réceptif à ce qui est au-delà du connu et du temps.
